Il y a des soirs où le rock ne fait pas semblant. Où la scène transpire, hurle, vit.
Dans l’écrin brut et chaleureux du Club du 6MIC, environ 200 personnes ont assisté à un double uppercut. Deux groupes. Deux énergies. Une seule vérité : l’intensité.
Quintana Dead Blues Experience ouvre le bal. Un duo seulement, mais un mur de son comme un camion lancé à pleine vitesse.
Blues sale, poisseux, percussif.
La guitare gronde, la batterie cogne, les corps suivent. Ça sent la sueur et la poussière.
Pas de triche. Pas de calcul. Juste l’énergie brute et le groove sauvage.
Et ce final : les musiciens qui descendent au milieu du public pour une fin de set habité, sauvage, tribal.
La salle est chauffée à blanc. Et il reste encore l’uppercut principal.
The Last Internationale débarque sans artifice. Juste la rage, les amplis, et cette foi inébranlable dans le rock comme outil de révolte.
Ce duo – Delila Paz et Edgey Pires – est signé sur le label de Tom Morello, et ça s’entend dès les premières secondes : engagement politique, riffs lourds, voix incandescente. Leur musique puise dans le blues, la soul, le punk, avec la hargne de ceux qui n’ont rien à perdre.
Ils ouvrent avec une reprise incendiaire de Kick Out the Jams (MC5), et c’est comme un uppercut. Edgey découpe l’air à coups de Les Paul, pendant que Delila Paz traverse la scène comme une panthère. Elle enchaîne avec Life, Liberty, and the Pursuit of Indian Blood, Mind Ain’t Free, 1984… Des titres aussi brûlants que les thèmes qu’ils abordent : répression, identité, liberté.
Mais The Last Internationale, c’est aussi la grâce. Quand Delila s’assoit au piano pour Running for a Dream, la salle retient son souffle.
Puis elle descend dans le public, s’assoit au milieu de la foule pour Freedom Town.
Silence total. Elle chante à capela. Le moment est suspendu, presque irréel.
On n’est plus en concert. On est en communion.
Moment rare : au milieu du set, le groupe invite une jeune fille du public à monter sur scène pour chanter. Elle est timide, elle tremble, mais dès qu’elle ouvre la bouche, c’est le choc. Une voix juste, pleine, bouleversante. Le public est scotché. Les musiciens aussi.
Ce genre d’instant qu’on ne fabrique pas. Qui naît dans l’authenticité pure.
La fin du concert est plus musclée encore. Soul on Fire, Wanted Man, Hard Times, 1968…
Le public est debout, en feu, porté par la tension musicale et l’énergie viscérale du groupe.
Et pour le rappel ? Delila lance un « Come on! », et une vingtaine de personnes monte sur scène.
Tout le monde chante Battleground et Hit ’em With Your Blues comme un dernier cri de ralliement.
Plus personne n’est spectateur. Tout le monde fait partie du show.
Ce soir-là, The Last Internationale a prouvé que le rock est encore vivant.
Et qu’il bat toujours au rythme du cœur de ceux qui n’abandonnent jamais.